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12/04/2015

Toussus-le-Noble, aéroport international d’affaires et de loisirs. (Souvenirs de la période 1982-1997).

 Jacques Pageix, ancien Commandant de 
l’Aéroport de Toussus-le-Noble.

Mes quinze années passées à Toussus-le-Noble sont déjà anciennes et pourrait être vouées à l’oubli, mais les souvenirs accumulés -bons et mauvais- sont tenaces, comme le lien affectif qui m’attache à cette plate-forme.

En septembre 1982, l’aérodrome, que je découvrais pour la première fois, faisait penser à une ruche bourdonnante où les hommes d’affaires côtoyaient les pilotes de loisir. Dans la petite aérogare, surnommée l’ « Isba » (1), se trouvaient rassemblés les services des Douanes, de la Police et de la Gendarmerie, les agents d’aérogare d’Aéroports de Paris, et même une société privée.
Son bloc technique, ancien hôtel construit dans les années 30, avait de quoi surprendre, avec sa boutique aéronautique et son restaurant voisinant avec les services de l’Etat : le commandement, le contrôle aérien, le bureau de piste, la maintenance technique (infrastructure et radio), et la station météorologique. Il faut reconnaître que ce mélange, qu’on n’accepte habituellement pas dans un bâtiment technique, faisait opportunément de ce lieu le point focal de l’aérodrome : tout le monde s’y rencontrait.
L’autre sujet d’étonnement fut la découverte du grand nombre de sociétés et d’aéro-clubs, s’étendant sur trois zones et couvrant le tiers de l’emprise de l’aéroport. Je n’oublie pas la qualité des relations qui furent aussitôt nouées avec les dirigeants et le personnel, toujours chaleureuses et souvent amicales. Certaines persistent encore. Je ne tardais pas non plus à tisser des liens de confiance avec les partenaires voisins de l’aéroport (collectivités, associations, etc.)

Certes, si le sujet est la célébration du centenaire de l’aérodrome en 2007 et l’évocation de son passé prestigieux. Je laisse aux spécialistes le soin de retracer fidèlement ce passé, de l’épopée des frères Farman à la saga du Normandie-Niemen.
Pour ma part, j’évoquerai quelques aspects peut-être moins connus :
Sait-on que dans les années 50, sous l’autorité du commandant de l’aéroport Henry Tessier, Toussus était le lieu de rendez-vous des aéro-clubs, des sociétés, et des constructeurs, qui venaient y présenter leurs machines ; ces rassemblements, véritables salons aéronautiques de l’aviation générale, étaient tous les deux ans le prétexte de grandes « kermesses aéronautiques » avec les démonstrations en vol, et les championnats de France de voltige disputés par de hautes figures comme le Chevalier d’Orgeix, Notteghem, Biancotto, etc. 
Cette tradition de rassemblement festif se poursuivit par la suite et j’ai pu être le témoin, dans les années 80, de courses aériennes organisées au départ de Toussus, qui attiraient un nombreux public : ce fut successivement l’Air Transat (Paris-New-York), la Transafricaine (Paris-Libreville), , Paris-Pékin-Paris et la Malaysia Air Race (Paris-Langkawi-Paris). On pouvait rencontrer sur le tarmac des personnalités aussi diverses qu’Alain Souchon, Miss France ou la Reine Noor de Jordanie. Je me souviens aussi du dirigeable qui venait s’amarrer chaque été.
Beaucoup de célébrations émouvantes s’y sont déroulées : le cinquantenaire de la Libération, la commémoration organisée à la mémoire de l’Amiral Ramsay, organisateur du débarquement de Normandie, mort à Toussus en 1945 lors du décollage de son avion pour Bruxelles où il devait rencontrer le Maréchal Montgomery. Mais il faudrait plusieurs pages pour retracer tous ces souvenirs.
Je n’oublie pas non plus les relations qui s’établirent avec la Base d’Aéronautique Navale voisine, et avec la Base Aérienne de Villacoublay dont le centre de contrôle aérien participait au guidage des avions vers Toussus.
 Pour terminer (et non pas conclure), s’il y a une leçon majeure à retenir de ces années, c’est qu’un aérodrome ne peut se satisfaire de ses seules activités aéronautiques. Il doit être attentif à tout ce qui se passe autour de lui. Cela est subordonné à un effort incessant pour établir et préserver des relations de confiance avec les partenaires voisins. Je ne doute pas que la célébration du Centenaire y ait contribué !
 Jacques Pageix, ancien Commandant de l’Aéroport de Toussus-le-Noble.


 (1) : Il avait été baptisé ainsi, car il s’agissait de l’ancien pavillon d’accueil d’Orly, qui avait reçu le président Khrouchtchev. Démonté et reconstruit à Toussus en 1960, ce bâtiment fut détruit par un incendie en novembre 1996.