Pages

12/06/2011

Toussus le Noble est menacé - Chroniques du Ciel - (France Info)



Situé à une petite dizaine de kilomètres de Versailles, l’aérodrome de Toussus-Le-Noble a été crée en 1907, il y a plus d’un siècle. C’est un haut lieu de l’histoire de l’aviation, d’où s’envolèrent jadis, les frères Farman, Roland Garros ou Robert Esnault-Pelterie, des pionniers de notre industrie aéronautique. A l’époque, Toussus était au milieu des champs. Il y a trois ans, pour fêter dignement le centenaire de cet aérodrome mythique, un grand meeting fut organisé sous le parrainage de Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur, mais aussi et surtout député des Yvelines.

A l’époque, l’élue avait vanté les atouts de cette plate-forme, créatrice de richesse économique, historique et culturelle. Mais les temps ont changé. Aujourd’hui, pour quelques intérêts électoralistes, voire populistes locaux, Valérie Pécresse, n’a pas hésité, pendant un temps, a affirmé publiquement que la fermeture de l’aérodrome de Toussus-le-Noble était une option, et qu’un aérodrome d’aviation d’affaires, sur le plateau de Saclay, futur pôle d’excellence mondial où seront regroupés à l’horizon 2014 plus de 30 000 scientifiques, n’avait rien de stratégique.

Et nous ne parlons des 700 emplois directs ou indirects de l’aérodrome de Toussus-le-Noble. Sans aucune concertation et pour tenter de grappiller quelques voix locales, Valérie Pécresse, a donc proposé à sa collègue, et amie, Nathalie Kosciusko-Morizet, en charge des transports, d’imposer, par arrêté, des contraintes comparables à celles qui empêchent les gens de passer la tondeuse dans leur jardin le week-end en dehors de créneaux bien définis.

Des mesures, que Valérie Pécresse, souhaite faire appliquer immédiatement. Le projet de décret se trouve sur le bureau de Nathalie Kosciusko-Morizet qui n’aurait plus qu’à signer, avant une mise en application, sans doute début juillet.

Devant le fait accompli, le directeur général de l’aviation civile, n’a pu que tenter de sauver les meubles. Au regard de cette situation, on pourrait s’interroger sur le caractère légal de cette mesure et sur la réelle mobilisation des riverains. Il y a quelques mois, une vaste consultation avait été lancée auprès de 20 000 habitants, des communes riveraines de Toussus-le-Noble sur la réelle gêne occasionnée par l’aérodrome. Les résultats sont surprenants. Christine Ascione, présidente de l’association de défense de l’aérodrome de Toussus-le-Noble.

Le problème également dans cette affaire, c’est que les défenseurs et les usagers de l’aérodrome sont mal organisés et n’ont sans doute pas réellement mesuré la détermination et l’exaspération des opposants de la plate-forme de Toussus-Le-Noble. D’ailleurs, malgré l’aménagement des plages horaires de moindre bruit, sa chef de file des riverains hostiles à la survie de l’aérodrome, continue de réclamer la fermeture pure et simple, sans autre forme de procès.

Son argumentation tient en quelques mots, « l’aérodrome n’a plus sa place ici ». Etonnant, que Valérie Pécresse, ministre, aux ambitions plus larges, soit tombée dans un piège aussi facile. Mais le mal est fait. Le cas de Toussus-le-Noble, va créer un précédent, qui pourrait être fatal, à d’autres aéroports, d’autres aérodromes. Mais rassurez-vous, il y a fort à parier, que nos ministres iront parader la semaine prochaine dans les allées du Salon du Bourget, pour louer les qualités de notre industrie aéronautique.

Chronique sur media player
de Frédéric Beniada