L’histoire de l’aviation est par
nature une histoire de l’envol, une histoire de l’air.
Le sol est l’élément dont l’on veut se
dégager et celui que l’on redoute lorsqu’il s’agit de s’y poser.
Pourquoi s’étonner
dès lors que l’esprit soit avant tout fasciné par la durée du vol, la distance,
le franchissement de l’eau ou du continent, et beaucoup moins par les aéroports
? Pourquoi s’étonner que les historiens et les musées s’intéressent surtout aux
avions et aux pilotes, beaucoup moins aux terrains d’aviation ?
Il y a quelques années, le projet L’Europe de l’Air est
venu combler en partie cette lacune et redonner leurs lettres de noblesse aux magnifiques
aéroports des années trente que furent Liverpool-Speke, Berlin-Tempelhof et Paris-Le
Bourget.
Plus récemment, en 2005, la direction générale de l’aviation
civile a édité sous forme de cédérom, à partir des travaux de Jean Sauter, spécialiste
des bases aériennes, un Atlas des terrains d’aviation de France
métropolitaine. On y apprend que près de 500 terrains d’aviation furent
créés au cours de la première moitié du XXe siècle. Beaucoup d’entre eux n’eurent
qu’une existence éphémère et 200 de ces plates-formes ont aujourd’hui disparu.
Il était d’autant plus important de retracer leur histoire et de marquer
virtuellement sur la carte leur présence évanouie.
Parmi les terrains créés au début du siècle dernier qui
ont résisté au temps, Toussus-le-Noble est le premier à fêter son centenaire.
Aujourd’hui, où les cérémonies sont organisées,l’initiative
paraît aller de soi : pourtant, rien n’était moins évident.
Les aéroports sont devenus des ensembles complexes, dans
lesquels interviennent l’Etat, les collectivités locales, les chambres de
commerce, des compagnies aériennes, des aéroclubs, des services de maintenance,
des services de sécurité… Entités tournées vers l’activité
opérationnelle, le présent, et dont aucune n’a pour vocation de s’intéresser à la mémoire, au
passé.
Le comité pour le centenaire a donc joué ici un rôle fondamental,
sans lequel rien n’aurait été possible. Il a conçu le projet, il a lancé la démarche
; il a su ensuite convaincre, mobiliser les énergies et parfois vaincre les
résistances.
L’opération a retenu l’attention du ministre chargé des
transports et la direction générale de l’aviation civile a apporté un soutien largement
mérité. La célébration du centenaire de l’aéroport est importante à double
titre.
Elle contribue à la mémoire locale et, de façon plus
générale, à la mémoire de l’aviation, car les événements qui s’y déroulèrent au
début du siècle dernier étaient au coeur même de l’aventure. En outre, lorsqu’il
retrouve sa mémoire, avant d’évoquer les hommes et les machines, Toussus-le-Noble
nous parle de territoire, écrivant ainsi une page de l’histoire méconnue
des terrains d’aviation.
Pierre Lauroua
Mission mémoire de l’aviation civile - Programme 100 ans d’aviation
à Toussus-le-Noble