Le 19 août 1913, un jeune garçon de 23 ans, Célestin Pégoud,
à peine breveté pilote, s’apprête à décoller de l’aérodrome Borel situé sur le
plateau de Châteaufort pour réaliser une expérience inédite : abandonner son
avion en plein vol au moyen d’un nouveau système de parachute.
Bien sûr, le parachute dont on attribue l’invention
théorique à Léonard de Vinci au XVe siècle a déjà été testé de nombreuses fois
: Jacques Garnerin sera le premier à sauter d’un sphérique au dessus du Parc
Monceau à Paris à la fin du XVIIIe siècle.
On se souvient tous de Franz Reichelt, ce tailleur d’origine
autrichienne qui se tua du premier étage de la Tour Eiffel...
Un américain, Albert Berry, avait eut plus de succès le 1er
mars 1912 en sautant d’un avion piloté par Janus, mais il émit des réserves
quant à l’utilisation du parachute par un aviateur seul à bord d’un avion en
détresse.
Pégoud va prouver qu’il se trompe !
Répondant au concours visant à améliorer la sécurité en
aéroplane institué par la Ligue nationale aérienne avec un prix de 10 000 F à
la clé, l’inventeur Frédéric Bonnet monte du Dauphiné pour trouver un pilote
audacieux capable d’expérimenter son nouveau parachute maintenu par une plaque
à l’arrière du fuselage.
Il s’adresse d’abord au Castelfortain Alexandre Ivanoff.
Mais celui-ci n’est pas prêt et Bonnet se tourne vers Pégoud qu’il va trouver à
Buc, chez Blériot, au matin du 5 août 1913. «Votre parachute est une merveille
! et il va sauver la vie de bon nombre de pilotes», répond Pégoud spontanément.
Mais Blériot, son employeur, est hostile à cet essai qu’il
considère comme suicidaire et il n’est pas le seul : Ce 19 août 1913, sur
l’aérodrome de Châteaufort, deux gendarmes et le maire, tous trois mandatés par
le Préfet de Seine-et-Oise, sont venus s’y opposer formellement, quand soudain,
intervient dans les négociations le propriétaire de la Geneste, M. Quesnel, qui
autorise l’essai au-dessus de son domaine privé.
Et c’est ainsi que vers 18h, Pégoud s’envole à bord de son
aéronef voué à être sacrifié, et se place, face au vent, à l’aplomb de la
vallée de la Mérantaise. A seulement 250 m d’altitude, il déclenche son parachute
qui s’ouvre sans problème et Pégoud descend tranquillement rejoindre le
«plancher des vaches»...
A la surprise générale, l’avion fou alors livré à lui-même,
forme dans le ciel de curieuses arabesques, semblant vouloir repousser
l’instant de sa chute pourtant inéluctable.
Constatant les facéties de son appareil, Pégoud déclare
alors à la presse : «Je l’ai vu faire tout seul le looping. Vous voyez donc
bien que c’est possible, aussi, vais-je le tenter !».
Quelques jours plus tard, il arrivait à convaincre Louis
Blériot de s’associer à lui pour mettre au point le vol «Tête en bas» qu’il
réalise le 1er septembre 1913 à Viry-Châtillon et le lendemain à Buc.
Le 21 du même mois, il effectue, toujours à Buc, le premier
looping maîtrisé de l’histoire et toute une série de figures acrobatiques qui
allaient poser les bases de la voltige aérienne.
Passionné par la vie de ce pilote hors du commun depuis plus
de 30 ans, Pascal Bouchain s’est associé à Isabelle Pasik, actuelle
propriétaire du domaine de la Geneste, Gérard Finan membre du Groupe Historique
de Toussus-le-Noble, concepteur du Centenaire de l’aéroport de Toussus-le-Noble en septembre
2007 et la municipalité de Châteaufort, pour commémorer le centenaire des exploits de cet aviateur autrefois très
populaire mais aujourd’hui quasiment retombé dans l’oubli.
Histoire & Patrimoine
Une exposition, un concert, de nombreuses animations et
démonstrations gratuites seront présentés les 14 et 15 septembre prochain à
l’occasion des journées du Patrimoine au domaine de la Geneste, ainsi qu’une conférence le vendredi 13 septembre à
20h à la mairie de Châteaufort.
Nous vous y attendons nombreux !
Pascal Bouchain