Décauville à l'Exposition Universelle de Paris 1889 |
Son sentier existe toujours dans le bois de la Garenne. Aussi des cartes postales d'époque montrent bien des rails passant sous la porte
de Petit Jouy.
Si des voies de chemin de fer désaffectées existent toujours, « Où sont passés les rails et les vestiges de ce train ? »
Il a fallu se pencher à l’histoire deDecauville (Vidéo) et sur l'ouvrage, « Les petits trains de la
grande guerre » pour trouver la réponse.
En résumé,
1875 : pour récolter ses betteraves, Paul Decauville invente le
système qui porte son nom – des éléments
de rails modulaires et des wagonnets porteurs.
1888 : l’armée française adapte, par le colonel Péchot, le projet à ses besoins au travers d'un ensemble
complet de voies et matériels de traction et de transport sur voie de 0,60 m.
Le système Péchot est né et va rapidement équiper de grands réseaux de 100 à 150 km
autour des camps retranchés de l’est de la France, Toul, Verdun, Epinal et
Belfort, pour desservir les forts qui entourent ces villes. Il se développe
ensuite avec la nécessité de disposer l’artillerie en rase campagne. Enfin la
voie de 0,60 m connaît son apogée au cours de la Première Guerre mondiale,
avec, à la fin du conflit, 3800 km de voies sur lesquelles circulent 740
locomotives tractant plus de 600 wagons de diverse nature.
Du chemin de fer agricole à la voie militaire et de la betterave à l’Exposition universelle de 1889
Dans les années 1870, la famille Decauville, exploitent une propriété beauceronne de 700 hectares de terre à betterave sucrière et, en parallèle, un atelier de chaudronnerie à Petit-Bourg (commune d’Evry), où on fabrique le matériel destiné aux raffineries et aux distilleries (chaudières, citernes, machines à vapeur « locomobiles »).
En 1875, la récolte est très prometteuse mais la saison
extrêmement pluvieuse de sorte que le ramassage s’annonce difficile, avec le
risque de voir les chariots s’enliser dans la boue et ne pas pouvoir
transporter les milliers de tonnes de betteraves attendues jusqu’aux usines.
Paul Decauville invente alors un système composé d’éléments de voie modulaires
de 0,40 m de largeur, manipulables par deux hommes, et de petits chariots
roulants. Le dispositif fait ses preuves et l’inventeur décide de le
commercialiser sous le nom de « porteur Decauville », en l’élargissant, outre le
0,40 m, aux gabarits de 0,50 m et 0,60 m. Ce chemin de fer « portatif » connaît un succès rapide dans l’agriculture
betteravière, céréalière et viticole, mais aussi dans l’industrie, les mines,
l’exploitation de carrières et l’agroforesterie.
Une dizaine d’années plus tard, lors de l’Exposition
universelle de 1889, l’Etat passe un marché avec la société Decauville pour
l’établissement d’un véritable chemin de fer sur voie de 0,60 m, des Invalides
au Champ de Mars.
En six mois, les trains tractés par des locomotives Decauville et par une
machine Péchot-Bourdon, assureront le transport de plus de 6 millions de
personnes et parcourront plus de 100 000 km.
En 1868, Charles Couche, dans un ouvrage sur les chemins de fer, « décrit ainsi les avantages de cette voie à petit gabarit, placée en dehors du trafic général mais nécessaire à des intérêts purement locaux » : « cette voie en miniature suffit ; elle permet au chemin de fer de satisfaire, avec une vitesse convenable et une sécurité complète, aux exigences imprévues du trafic. »….. « Il ne faut pas hésiter à profiter largement des bénéfices de la réduction de la voie, et surtout en terrains accidentés, à cause de la réduction corrélative du rayon des courbes.
Le système Péchot et les autres matériels sont constitués
d’un système complet d’éléments de voie préfabriqués faciles à mettre en œuvre,
de matériels roulants adaptés d’une grande stabilité, modulaires et combinables
entre eux, et d’un type de locomotive particulier, la machine « Péchot-Bourdon
».
Les caractéristiques de la voie de 0,60 m et ses éléments de base :
La voie est constituée d’éléments pré-assemblés, consistant
en rails fixés sur des traverses d’acier d’environ 1 m. Ces modules, munis
d’embouts mâles et femelles à leurs extrémités, semblables à ceux d’un train
électrique, existent en trois longueurs :
- travée de 5 m (8 traverses, 167 kg, manipulable par 4 hommes),
- travée de 2,5 m (5 traverses),
- travée de 1,25 m (3 traverses).
Il existe également des travées courbes de différents rayons, de 100 m pour le plus large, à 7,60 m, pour les trajets à l’intérieur des fortifications, ce qui permet à la voie de 0,60 d’adopter des parcours très sinueux. Les mêmes éléments existent également à l’écartement de 0,50 m avec des longueurs et des poids différents.
Un déplacement similaire bus-rail est déjà en service au Japon sur l’île de Hokkaido depuis 2007.
Si l'idée est utopique ou farfelue… peut être ! Mais ne vaut-il pas le coup de l’étudier ?