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20/06/2011

Polémique autour de l’aérodrome de Toussus-le-Noble



Chronique de Pierre Sparaco dans AeroMorning
C’est un haut lieu de l’aviation de loisirs, unique en son genre en Ile-de-France, qui porte un nom plein d’élégance, bien à l’image du département des Yvelines, Toussus-le-Noble. Ce village de quelques centaines d’habitants seulement a acquis une grande notoriété grâce à son aérodrome plus que centenaire, fréquenté par les pilotes privés et la petite aviation de voyage. Solidement ancré dans un rôle discret, terre d’accueil de plusieurs aéro-clubs et d’écoles de pilotage, le voici contraint de faire face à des attaques en règle qui le mettent en péril.
Les riverains se plaignent des nuisances, qu’ils jugent insupportables et, enjeux électoraux aidant, ils dédoublent de vigueur dans leur combat. Valérie Pécresse, députée des Yvelines, ministre de l’Enseignement supérieur, qui n’a jamais témoigné d’un quelconque intérêt pour la chose aérienne, a même dit que la fermeture du terrain était «une option». D’où un débat qui ne vole pas haut et rappelle les combats d’arrière-garde qui ont précédé la disparition du terrain de Guyancourt. En Ile-de-France, mieux vaut être actionnaire de Kaufman et Broad, ou encore de Bouygues, que pilote privé...
Les alignements de pavillons neufs autour de Toussus tiennent leu de démonstration. La pieuvre immobilière ne craint rien, pas même la mauvaise foi : on construit tout d’abord, en faisant semblant d’ignorer l’existence de l’aérodrome, pour ensuite déployer les grands moyens pour en obtenir la fermeture.
Toussus a été ouvert à la circulation aérienne en 1907 mais l’urbanisation est telle, cent et quelques années plus tard, que l’existence de ce terrain est qualifiée d’incongrue. Oui, incongrue ! Pire, le dialogue se tend et les compromis qui sont envisagés ne sont plus recevables. Et cela même s’ils frisent l’incongruité la plus absolue. Ainsi, il a même été décidé de fermer quelques heures, en pleine journée, plus précisément les dimanches et jours fériés, de 12 à 15 heures, du 1er avril au 30 septembre. Des «plages de moindre bruit» seront également créées, propositions de Valérie Pécresse entérinées par Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre en charge des transports.
Un arrêté de 1973, qui limite le nombre de mouvements et détermine avec la plus grande rigueur les trajectoires autorisées, est désormais jugé caduque. Tout comme une commission consultative de l’environnement a montré ses limites, tout d’abord, son inutilité ensuite. En clair, il s’agit de chasser les avions, la petite municipalité de Toussus, qui tient beaucoup à son aérodrome, ne faisant pas le poids face à Jouy-en-Josas, Les-Loges-en-Josas, Villiers-le-Bâcle et d’autres voisins courroucés.
Le chef de file des riverains hostiles à la survie de l’aérodrome n’y va pas par quatre chemins : il demande sa fermeture sans autre forme de procès. Son argumentation tient en peu de mots, «l’aérodrome n’a plus sa place ici». Les mânes des frères Farman et ceux de Robert Esnault-Pelterie n’en reviennent pas. Nous non plus.

Pierre Sparaco - AeroMorning

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Dans la note du CCAT publiée le 22 octobre 2006, nous citions :

"l'Académie Nationale de l'Air et de l'Espace sera heureuse et fière de parrainer la célébration du centenaire de l'Aérodrome de Toussus-le-Noble.
M Pierre Sparaco demeure le représentant de l'Académie pour définir les modalités de ce parrainage."

Nous remercions l'ANAE pour ce parrainage de valeur et tout particulièrement M Le Président Jean-Claude Bück, Messieurs Claude Bechet et Pierre Sparaco.