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12/04/2021

Toussus le Noble, un outil négligé

L'aérodrome de Toussus-le-Noble est situé à proximité immédiate
d'une forte densité de décideurs, mais le trafic aérien d'affaires stagne. 
(Photo Roger Demeulle).
Toussus-le-Noble, a general aviation airfield near Paris,
is well located. However, business traffic is stagnant.Isba en arrière plan

Dans toutes les nations évoluées, il est aujourd'hui question de performances des entreprises, de dynamisme économique et bien entendu des retombées  correspondantes sur les niveaux de vie. Pour atteindre ce but, le verbe ne suffit pas. Il faut réellement mettre en œuvre les moyens nécessaires. Parmi ces moyens, l'aviation d'affaires. 
Constatation paradoxale : dans le pays de Descartes, l'aviation d'affaires n'a jamais décollé. Un aérodrome comme, par exemple, Toussus-le-Noble est très négligé à cet égard : à peine 50 000 mouvements par an.


L'Aérodrome de Toussus-le­ Noble est pourtant implanté au centre de l'un des environnements les plus actifs, dans le Sud-Ouest de Paris, là où séjournent et travaillent une forte densité de décideurs, près de Versailles (ville de congrès), de la ville nouvelle de St-Quentin­ en-Yvelines et d'une bonne cinquantaine de sièges sociaux d'importantes sociétés, universités, centres de recherches, etc.

Les voies routières qui relient l'aérodrome à la Porte de St-Cloud, à l'aéroport d'Orly et à Versailles sont désormais convenables. Le RER passe aussi tout près. Sans doute le manque de facilités offertes par l'aérodrome n'explique pas, à lui seul, la pauvreté locale de l'aviation d'affaires. L’exiguïté du territoire français, la qualité du réseau ferré et le développement exceptionnel d'Air Inter ont joué et jouent toujours un rôle déterminant. D'autant que l'aviation d'affaires est souvent considérée comme un luxe et qu'à ce titre elle supporte une fiscalité délirante. Les hommes politiques en apprécient les bienfaits pendant les seules campagnes électorales. Hors ces moments privilégiés, ne restent que le carcan administratif et la routine.

On peut néanmoins avancer que l'évolution des exigences économiques (le temps d'un bon cadre ne se gaspille pas!) sera favorable aux aérodromes bien situés pour peu que ceux-ci ne soient pas soumis à des contraintes d'un autre âge (Toussus n'est, hélas! pas le seul aérodrome, civil ou militaire, dans ce cas).

L'utilisation de l'aérodrome de Toussus est fixée par un arrêté ministériel du 23 novembre 1973 pris à une époque où les chocs pétroliers n'avaient pas encore changé la face du monde. Les 210 000 mouvements de 1973 sont tombés à 106 000 en 1982. Depuis lors, le trafic remonte lentement pour atteindre 170 000 en 1987, mais essentiellement à cause de l'aviation légère. Le trafic de l'aviation d'affaires stagne à moins de 50 000 mouvements. La piste 26 D est trop courte, les installations sont vétustes, les services sont insuffisants, les horaires d'utilisation ne sont pas satisfaisants, il n'y a plus de pompiers sur l'aérodrome.

Bref, il y a effectivement là matière à un « livre noir", selon l'expression de la chambre de commerce et d'industrie interdépartementale Yvelines-Val d'Oise (Pontoise-Cormeilles est dans la même situation) poussée par tous les utilisateurs et industriels locaux.

Pourtant, cet aérodrome dispose de solides atouts pour la rentabilité de sa gestion. Il reste de grands espaces industriels à commercialiser. L'avant-projet de plan de masse à partir duquel se décrètent les servitudes n'interdit pas de porter la piste à 1 400 mètres, exploitable ainsi par la plupart des biréacteurs d'affaires. La place existe et les nuisances n'en seraient pas augmentées.

L'horaire de fermeture devrait être porté à 23 h 30 locales, voire au moins à la même heure qu'Orly. L'ancien salon moderne offrant un accueil confortable, agréable, une salle de réunion, des cabines de communication isolées, des sanitaires version 1987, des services opérationnels (réservations d'hôtels, de taxis, de voitures, assistances techniques, handling).

Il faudrait, bien sûr, réinstaller un service de sécurité incendie conforme aux recommandations internationales.

Tout cela n'est pas très coûteux et peut amener à terme des bénéfices d'exploitation là où il y a des pertes : c'est une question de volonté et, pourquoi pas, de changement de gestionnaire.

Qu'est-ce que Toussus-le­ Noble en 1987 ?

- Des services : ATC, météorologie, gendarmerie, Police de l'air, douanes, taxis ; 
- Deux restaurants : Grande volière et Touring;
- Une boutique : Paris Air Location ;
- Trois aéro-clubs : Air France, Sceaux et St-Cloud, Aéro Touring.
- 29 sociétés aéronautiques : Aéro Pyrénées, Air Affaires Assistance, Air du­ temps, Air Total, Aviradio, Air Formation entreprise, ATAC/Chainair, Badin Crouzet, CRMA, Darta-SCA, Decaux, Dentan Aviation, Executive transports {PAS-UPJ, Farman, France Aviation, Estelle France, Heli Union, Jet Prop Air Service, Goair, Neas, Helidan, 7 /7 Air Maintenance, SEA Poinsot, Sodeteg, Sotravia, Troyes Aviation, Trimaille Aéro Formation.
- C'est aussi le centre d'une zone de 50 000 emplois en croissance vers 130 000 emplois.

 

AviMag 950 (15-11-87)
Raymond AUFFRAY